Saint Nicolas d'Haranbeltz

La chapelle, une histoire de familles au service des pélerins

Les Donats

A l’époque pré-romane (IXe ou Xe siècle), les communautés agricoles réunissaient une dizaines de familles et s’organisaient pour les tâches domestiques. Ils se donnaient le qualificatif de « frères »et « sœurs ». Dans le courant culturel qui a déferlé ensuite, ces communautés ont évolué et sont devenues des communautés de donats. Nés du pèlerinage, et plus généralement, du développement jumelé hospitalier et rural, ils ont joué un rôle primordial et même déterminant dans le fonctionnement des établissements hospitaliers, fondateurs plus qu’il n’y paraît des hôpitaux de St Jacques. Autour d’eux, s’est organisée l’assistance aux pauvres passants et aux pauvres pèlerins, leur clientèle de prédilection. Mais un testament de Lou Eneco, vicomte de Baigorry,  évoque un legs en faveur du prieuré de Haranbeltz, dès l’année 1039… Les donats élisaient un prieur pour les diriger. Le mot prieur ne désigne pas quelqu’un qui prie plus que d’autres, mais celui qui a la priorité, en clair, le chef (prior en latin). Celui d’Haranbeltz n’est pas un personnage négligeable. Il a autorité sur les paroisses de Arhansus et Uhart Mixe, et il siège aux États de Basse Navarre. Les prieurs avaient donc la possibilité de se faire enterrer dans plusieurs lieux, selon leur choix, et on a peu de trace d’inhumation de ces personnages qui se sont succédé depuis le XIe siècle jusqu’à la suppression du statut des donats par un Edit du roi Louis XVI à la fin de l’année 1784. Les donats formaient des frères laïcs, qui étaient toutefois soumis à des règlements particuliers et aux vœux traditionnellement prononcés par les communautés religieuses. Il s’agit des trois vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Leur application était pourtant modérée, puisque le vœu de chasteté les obligeait simplement à ne pas se remarier en cas de veuvage ; le vœu de pauvreté ne les empêchait pas d’être riche, mais les empêchait seulement de désigner leurs héritiers qui étaient déterminés par la communauté ; enfin, le vœu d’obéissance, plus classique, les soumettait à l’autorité, par ailleurs nécessaire, du prieur qu’ils avaient élu. Au moment de la Révolution française, l’État Républicain confisque les biens d’Église. Haranbeltz n’échappe pas à la règle. L’État s’empare de l’église et de ce qui reste de l’hôpital d’autant plus facilement qu’il n’y a plus de donats pour les défendre, ni de prieur pour s’y opposer. Mais la République a besoin d’argent, et la possession des biens d’Église ne lui rapporte rien. Elle met donc en vente certains domaines, comme celui d’Haranbeltz. Et le fait marquant de l’histoire du lieu, c’est que les propriétaires des quatre maisons où vivent les derniers représentants des huit siècles passés rachètent à l’État leur propre bien pour la somme de cinq mille livres payées par Arnaud Etcheverry, Arnaud Etchetoa, Jean Salla et Jacques Borda. L’église est donc en propriété indivise et le reste encore aujourd’hui, entre les héritiers des quatre familles, dont certains vivent encore sur place, héritiers de quelque mille ans d’histoire locale. Si cette église parvient jusqu’à nous, après un millénaire d’existence, c’est parce qu’elle est restée propriété privée, et que ses propriétaires sont intervenus, de façon plus ou moins heureuse, selon les cas, pour l’entretenir ou tenter de le faire. Propriété de l’État, elle aurait disparu, comme beaucoup d’autres monuments de cet âge. Son entretien dépasse désormais les possibilités de prise en charge par des familles de particuliers, et l’État doit prendre le relais, pour conserver un tel patrimoine.

L’Hospitalité

Il est habituel de trouver, sur les chemins de St Jacques, des hôpitaux construits quasiment autour du chemin qui y conduit : les routes droites d’origine romaine, traversaient ainsi les bâtiments, comme on peut le voir encore à Sorde-l’Abbaye. Il paraît qu’une visite aérienne du quartier permet de retrouver le passage qui conduit en ligne droite, à mi-pente de la colline de Soyarce jusqu’à l’église d’Haranbeltz. Ce chemin devait donc passer à gauche des maisons. La partie qui semble rajoutée dans le cimetière, et l’annexe plus basse de la maison située derrière, semblent confirmer aussi que le chemin arrivait face à l’entrée actuelle de l’église, traversait le parvis intérieur et ressortait par la porte étroite, aujourd’hui murée, pour continuer, toujours en ligne droite vers le chemin qui s’enfonce dans la forêt. Les autres maisons du hameau étaient mal desservies par ce chemin, et l’époque moderne a préféré faire passer le chemin au milieu des maisons, ce qui est bien compréhensible. Les voies du chemin de St Jacques nécessitaient que les pèlerins puissent trouver gîte et couvert, tout au long de leur route. On trouve dans certains écrits, la mention de 14 hôpitaux à Ostabat, plus deux de soins. Pour les premiers, il s’agit plutôt de maison d’hôtes. Mais l’hôpital d’Haranbeltz était l’un des deux autres qui méritent mieux l’appellation d’hôpital, pour l’accueil et les soins réservés aux pèlerins de passage. La seule trace qui nous reste de cet hôpital est la porte cloutée qui ouvrait sur la salle. Comme dans la plupart des hôpitaux de l’époque, la capacité d’accueil était de l’ordre de trois ou quatre lits. On peut donc imaginer que la levée de terre d’une vingtaine de mètres carrés qui se voit derrière la porte représente la surface de l’hôpital dont Louis Colas dit qu’il était encore visible en 1932

Chapelle du Pays Basque -vHaranbeltz - Eau Forte- Odilon Redon

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